Les mille et un détours du métier d’enseignant…
Il n’est pas
toujours aisé de quelque peu sortir des sentiers (trop) battus de la poésie et
des incontournables poètes étudiés en primaire.
Il y a quelques
temps, je voulais pour changer, faire apprendre à mes CM « Heureux qui
comme Ulysse » de Joachim du Bellay.
Aborder des
textes du XVI° siècle est déjà une gageure pour des enfants du XXI° siècle…
Et je dois dire
que celui-là n’est pas particulièrement facile d’accès…
Je m’attendais
à une déferlante de « c’est trop dur ! », « on comprend
pas… » « et il va falloir l’apprendre ?… » et autres
encouragements de la part de mes élèves.
Si ce n’est que
dès la lecture des premiers vers, un élève m’interrompt d’un « Oh,
mais je la connais, moi, ta poésie, on m’a offert le CD ! Elle est
géniale !! »
Dans ces
moments-là, avoir un temps de réflexion plutôt rapide peut être utile à tout
enseignant pris au dépourvu par un de ses charmants élèves (Ah, je ne me
souvenais plus que Joachim avait enregistré un single ….).
Et donc,
d’enchaîner que, formidable, on reporte
au lendemain la lecture du texte et l’écoute du CD (histoire, de se renseigner,
l’air de rien, sur l’auteur).
C’est ainsi,
que j’ai découvert « Ulysse » interprété par Ridan, jeune chanteur
français.
Et c’est
également ainsi, que Joachim du Bellay a fait un triomphe auprès de mes élèves,
qui, non seulement ont appris le texte avec plaisir, mais que je surprenais
parfois, dans les couloirs ou sur la cour, à fredonner : « Et quand
reverrai-je de mon petit village… »
Alors, merci
Monsieur Ridan, et vous tous qui n’hésitez pas à accompagner les trésors de la
poésie française de rythmes qui parlent à mes élèves…
Et je suis
prête à offrir une énorme tablette de chocolat à celui (ou celle) qui mettra en
rap ou slam « le Bateau
ivre » de Rimbaud ou encore « Les Djinns » de Victor Hugo…
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Joachim de Bellay
Heureux qui, comme Ulysse, a fait
un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.
Ridan - Ulysse
envoyé par kubrick90