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De deux choses l'une...
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3 avril 2011

Pleure, Géronimo Forrest Carter

Pleure_Geronimo

 

" Nous sommes en train de disparaître de la surface de la terre, mais je continue à croire qu'il doit y avoir une bonne raison pour que Yoséné (Dieu) nous ait crées. Il a donné vie à toute une variété d'espèces d'hommes. Ainsi pour chaque espèce créée, Il désigna un pays particulier. Lorsque Yoséné créa les Apaches, Il leur donna un pays qui se situe à l'ouest. Pour nourriture Il leur remit des graines, des fruits et du gibier. Afin de soigner les différentes maladies, Il fit croître des plantes médicinales. Puis Il leur enseigna où trouver ces plantes et comment les préparer. Il leur accorda un climat doux et tout ce dont ils avaient besoin pour se vêtir et s'abriter... Cela eut lieu au tout début de la création : car Yoséné créa simultanément le peuple Apache et son pays. Et quand viendra le jour où les Apaches seront séparés de leur terre, ils tomberont malades et mourront. Combien de temps s'écoulera-t-il avant que l'on dise qu'il n'y a plus d'Apaches ? "

 

Geronimo___Apache_1

" Géronimo s'était éloigné des trois guerriers et avait rampé jusqu'à la limite de l'obscurité. Il s'assit les jambes croisées et le dos tourné au groupe, les yeux au-dessus des feux. Il regardait le ciel.

Le général Trevino le nota dans son rapport. Sa manoeuvre d'encerclement avait pris les Apaches au piège. Des équipes travaillaient et alimentaient les feux. Ses soldats chantaient pour passer la nuit. Ils chantaient le dequela, rappelant à leurs ennemis qu'ils mourraient au matin. L'air était lourd. Il n'y avait pas de vent, même pas une petite brise. A un moment donné, alors que les soldats chantaient toujours, un nouveau son s'éleva, très loin, sourd, faible, une lamentation au-dessus du chant des soldats. Pendant un moment, les soldats ne le remarquèrent pas. Le général Trevino nota que pendant un instant il avait pensé que le son n'était que dans son esprit...qu'il n'était pas physique.Puis le son persista, s'éleva et la voix des soldats s'éteignit, mourut et bientôt, seuls les craquements des feux - et la faible lamentation - vinrent à leurs oreilles.

  Le général Trevino nota que l'air devenait oppressant, menaçant, sinistre. Les mots que choisit le général sont révélateurs:"menaçant, sinistre, oppressant" décrivent des humeurs, des émotions. Ces mots ne peuvent qualifier qu'une vie perceptible, pas une matière inerte.

L'homme s'est épris de sciences physiques, utiles au progrès matériels de l'homme blanc, mais étrangères au progrès de la Grande Force spirituelle. Comme un enfant qui joue avec des cubes, les empilant toujours plus haut, l'homme frustré pleure quand son matérialisme s'écroule. Il a appris à disséquer; à peser et à mesurer le monde physique. Il sait que l'air qui entoure la terre pèse six millions de milliards de tonnes, qu'il est composé de soixante-dix-huit pour cent d'azote et de vingt et un pour cent d'oxygène, et de quelques composants moins importants.

Il sait que l'air chauffé se dilate et s'élève, que l'air plus froid descend, que l'air recueille la vapeur d'eau, la condense et transporte la pluie autour de la terre, que rien sur la terre ne peut vivre sans air ou sans son mouvement. En transportant le pollen et les spores, l'air féconde les plantes avec la Vie, descend au plus profond de la terre pour fournir l'oxygène aux racines de toutes les plantes, et au plus profond des eaux pour donner la Vie à ses habitants. L'homme sait avec une certitude scientifique que l'air, en tant qu'agent d'oxydation, libérant la chaleur et l'énergie, produit la Vie, sans qui rien ne pourrait exister. Mais l'homme ne peut pas contrôler cela, alors avec l'arrogance de la puissance de son esprit sur la matière, il le rejette comme un phénomène naturel dépourvu de motivation spirituelle. Quand il ne peut dominer ou quand il choisit de ne pas comprendre le monde, il ne fait qu'interpréter les qualités matérielles. Il rejette tout le reste.

Les Apaches ne font pas ainsi. Depuis des siècles, les Apaches dépendent de la Volonté, de l'Esprit, pour survivre. Ils se considèrent, non comme les maîtres, mais comme une part de tout ce qui les entoure, et ils n'ont aucun sentiment d'arrogance envers toutes choses à qui ils attribuent la même Volonté et le même Esprit qu'à eux-mêmes. Ils ont observé que toutes les choses ont la Vie et, par conséquent, un But. En levant les mains, ils ont attrapé du pollen dans le vent et ont étudié son voyage vers les plantes qui attendent avidement la propagation de la Vie. Ils ont vu que le vent apportait la pluie et qu'il la répartissait entre les parties de la Vie pour leurs besoins. S'il n'est pas celui qui crée la Vie, le vent est celui qui la conduit... comme l'était l'homme. Par conséquent le Vent a un But, donc un Esprit. Pour les Apaches, les humeurs du vent étaient réelles, non poétiques; sinistre, tempétueux, tendre, consolant, violent, frais, vieux, affectueux - autant d'expressions pour leur propre disposition d'esprit.

geronimo

Cette nuit-là, le général Trevino nota les effets du vent. Nana, Chokole et Fun racontèrent comment il se leva. La lementation faible et sourde que Trevino et les soldats avaient entendue, c'était Géronimo.

Tout d'abord, il s'assit les jambes croisées, face au sud, les bras posés devant lui. Il entonna un chant vigoureux. Il se tourna ensuite vers l'ouest en continuant à chanter, puis vers le nord et vers l'est. Le ton s'éleva, et quand l'intensité du son atteignit le seuil le plus élevé, pour l'oreille humaine, il se brisa en notes saccadées; passant au-delà du seuil, là où l'oreille humaine ne peut plus entendre, il devint des vibrations dans l'air, tout d'abord pesantes puis en accord avec un rythme et une harmonie. C'était le Chant de Vie de Géronimo, une supplique à la Vie, comme celle de l'herbe-aux-ânes, du pignon ou du cactus.

Chokole, Nana et Fun qui étaient allongés dans le cercle d'obscurité sentirent les vibrations croitre en intensité. Fun raconta plus tard qu'alors qu'il était allongé et qu'il écoutait, il sentit ses cheveux se dresser sur sa tête. Chokole, Nana et Fun parlèrent de picotements de leur peau, d'une grande attente, qui fondit sur eux, d'une espérance.

Puis, là où les feux éclairaient le plateau, ils virent le premier petit tourbillon de poussière. Il s'éleva en dansant devant un feu. Puis se déplaçant sans ordre à travers le plateau, il rejoignit un autre tourbillon plus grand. Ces deux minuscules cyclones s'assemblèrent et unirent leurs forces. Maintenant tout autour du cercle de lumière d'autres petits tourbillons s'élevaient du sol, s'absorbaient, réunissaient leurs forces, jusqu'à ce que des douzaines, en dansant et en se fondant les uns dans les autres, deviennent moins nombreux et plus grands..."

 

images

 

 

 

 

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