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De deux choses l'une...
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16 novembre 2009

Le Boureau Pär Lagerkvist

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"Attablé dans la pénombre de la taverne, le bourreau buvait" Tout au long de la soirée, puis de la nuit, les autres clients de l'auberge vont bruyamment parler entre eux, par-dessus leurs chopes de bière, en feignant d'ignorer leur inquiétant voisin de table qui, lui, se tait. Ils racontent des histoires, des histoires de mort, de brigandage, de vengeances paysannes, d'exécutions - et toutes s'adressent à celui qui, obstinément, garde le silence. Des histoires d'amour aussi. Par exemple, celle de la jeune condamnée qu'un autre bourreau n'avait pas eu la force de tuer. Il avait offert de l'épouser, ce qui lui garantissait la vie sauve - mais à la naissance de leur enfant, marqué au front du même signe d'infamie que son père, elle avait étranglé le bébé Peu avant l'aube, avant d'aller faire son travail, le bourreau va répondre à ses persécuteurs, lui qui porte sur ses épaules les crimes commis depuis les débuts de l'humanité. Et ce sera inoubliable...

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"Si, je suis le bourreau !" dit-il.
Et il se leva, grand et terrifiant dans son costume couleur de sang. Tous les regards se dirigèrent vers lui; un tel silence s'établit dans la salle, hurlante et retentissante quelques secondes auparavant, qu'on put percevoir le souffle de cet homme.
"Depuis l'aube des temps je fais mon métier et il ne me semble pas que je sois près d'en finir. Des millions d'années s'écoulent, des hommes se lèvent et disparaissent dans la nuit, mais moi je reste et, couvert de sang, je les vois passer, moi le seul qui ne vieillisse point. Je suis fidèlement la route des hommes, et il n'y a pas de sentier ayant été foulé par des pieds humains, si secret soit-il, où je n'aie élevé un bûcher et humecté le sol de sang...Je vous ai suivis dès l'origine et je vous suivrai jusqu'à la fin des temps. Quand, pour la première fois, vous avez levé les yeux vers le ciel, devinant Dieu, j'ai découpé un de vos frères et l'ai offert en sacrifice. Il m'en souvient encore: les arbres étaient secoués par le vent et la lueur du feu dansait sur vos visages. J'arrachai mon coeur et le jetai dans les flammes.Depuis ce moment, nombreux sont ceux que j'ai sacrifiés aux dieux et aux diables, au ciel et à l'abîme, des coupables et des innocents en légions incalculables. J'ai exterminé de la terre des peuples entiers, j'ai saccagé et dévasté des royaumes. Tout ce que vous m'avez demandé, je l'ai fait.J'ai accompagné les siècles au tombeau et, appuyé sur mon épée ruisselante, je me suis arrêté un instant, attendant que des générations nouvelles m'appellent de leur voix jeune et impatiente. J'ai flagellé jusqu'au sang des flots d'hommes, clamant pour l'éternité leur mugissement inquiet. J'ai dressé des bûchers pour des prophètes et des messies. J'ai plongé la vie humaine dans les ombres de la nuit. J'ai tout fait pour vous. On m'appelle encore et j'arrive. Je jette un regard sur la terre - elle gît, fiévreuse et brûlante, et dans l'espace retentissent des cris d'oiseaux malades. c'est pour le mal l'époque du rut ! C'est l'heure du bourreau !"

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